La chaine de télévision saoudienne Al-Arabiya a diffusé, dimanche 15 octobre, un documentaire sur le trafic de cigarettes de contrebande, qui a jeté un pavé dans la mare. On y apprend que le tabac de contrebande est devenu « une source majeure de financement pour le terrorisme ».
En mars 2015, le Centre d’analyse du terrorisme (CAT) publiait déjà un rapport indiquant que le trafic de cigarettes représentait plus de 20% des ressources des organisations terroristes islamistes. Un rapport inquiétant, qui s’appuyait sur les données tirées de 75 procédures judicaires internationales effectuées entre 2001 et 2015.
D’après les journalistes d’Al-Arabiya, cette dépendance des groupes terroristes à l’économie parallèle du tabac s’est encore accrue ces deux dernières années.
En effet, les troubles politique et l’instabilité en Lybie, couplés aux hausses du prix des cigarettes en Europe, ont fait du tabac de contrebande la « source majeure de financement pour le terrorisme », comme l’explique Dalia Yazbek, chercheuse au Centre Carnegie de Beyrouth.
Une manne financière cruciale pour les organisations terroristes, qui ne gèrent toutefois pas systématiquement l’ensemble du business de la contrebande, se contentant souvent de faire payer aux trafiquants une taxe, comme droit de passage ou de protection.
Dalia Ghanem-Yazbeck donne une première explication, à cette importance prise par les cigarettes de contrebande dans l’économie du terrorisme :
« Dans la région du Sahara, il y avait auparavant plusieurs entreprises internationales donc plus d’opportunités de kidnapper des étrangers en échange de rançons, mais la situation a changé quelque peu. De nombreuses entreprises ont quitté la région et les groupes terroristes ont dû trouver de nouvelles sources de financement. La contrebande en fait partie. »
L’exemple de Mokhtar Belmokhtar est assez symptomatique de cette nouvelle tendance lourde chez les terroristes. Ce chef djihadiste bien connu se cache dans la bande sahélo-sahélienne, avec la vente de tabac comme principale ressource. Si bien qu’il est surnommé «Mister Marlboro».
A la lecture du rapport publié cette année par KPMG sur le sujet, il n’est pas surprenant que la vente clandestine de cigarettes soit devenue le principal moyen de financer le terrorisme. On y apprend que le commerce de contrebande de cigarettes représente un manque à gagner de 565 millions de dollars par an pour les états du Maghreb. Une somme monumentale, qui finit majoritairement dans les poches des organisations terroristes. Et qui pose question à l’heure où la plupart des pays se lancent dans des logiques de hausse des prix parois très forte, au risque de déplacer la consommation légale vers les réseaux de contrebande..